TOP
À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida (1er décembre 2022), la réflexion porte sur la trajectoire de la pandémie de VIH/sida ainsi que sur l’évolution de la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH (PVVIH).
La pandémie de VIH date officiellement de 1981, lorsque les « Centres de contrôle et de prévention des maladies » (Centers for Disease Control and Prevention, CDC) des États‑Unis ont signalé des cas inhabituels d’infections opportunistes chez cinq jeunes hommes à Los Angeles, en Californie.1,2 Tous sont morts de leur maladie. Très vite, l’agent causal de leur « mystérieuse » maladie a été identifié comme étant le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) évoluant en SIDA (syndrome de l’immunodéficience acquise).3
Plus tard, on a découvert que la pandémie de VIH avait commencé vers les années 1920 à Kinshasa4, en République du Congo, et que le VIH provenait d’un chimpanzé5.
Aujourd’hui, le VIH touche encore de nombreuses personnes dans le monde. Les nouvelles infections par le VIH ont été réduites de 52 % depuis leur pic en 1997, mais on compte encore 1,5 million de personnes nouvellement infectées par le VIH en 2020, et une moyenne de 37,7 millions de PVVIH en 2020.6 Les bilans mondiaux masquent toutefois les variations régionales. L’Afrique de l’Est et du Sud‑Est reste l’épicentre de la pandémie de VIH, et certaines populations clés présentent un risque plus élevé d’infection par le VIH.7 Par conséquent, la pandémie de VIH n’est pas terminée mais l’infection sévit encore davantage dans certaines régions et au sein de certaines populations cibles.
Néanmoins, le sida ne figure plus parmi les dix premières causes de décès dans le monde, mais il est désormais largement considéré comme une maladie chronique.8 La prise en charge du VIH/sida s’est améliorée au cours des 20 dernières années, grâce au développement d’un traitement plus efficace, à l’amélioration de l’observance, des mesures préventives et à une meilleure gestion des comorbidités.9
L’infection par le VIH peut être traitée au moyen d’un traitement antirétroviral.10 Grâce aux progrès de la thérapie antirétrovirale, le cours de cette maladie a évolué pour passer d’une condamnation à mort à un état de maladie chronique contrôlable.11 La thérapie antirétrovirale a réduit les taux de morbidité et de mortalité du VIH, conduisant à une espérance de vie proche de celle de la population générale.12 Ainsi, les PVVIH survivent plus longtemps, et l’essentiel de la surmortalité résiduelle chez les PVVIH n’est pas due au SIDA, mais résulte de facteurs de risque tels que le tabagisme, l’injection de drogues et les comorbidités.13 Cependant, une observance à vie du traitement antirétroviral demeure indispensable pour ces personnes.
Le suivi du traitement antirétroviral à vie reste un défi à relever pour les PVVIH en raison de plusieurs obstacles comportementaux et socio-économiques. La lassitude à l’égard du traitement et le fardeau de la prise de médicaments en font partie, même si le protocole thérapeutique peut désormais être combiné en un seul comprimé. Qui plus est, la thérapie antirétrovirale n’est pas exempte d’effets indésirables.14 Les facteurs socio-économiques tels que le niveau d’éducation, le statut professionnel, la situation financière, le logement et l’assurance maladie constituent des obstacles supplémentaires, lesquels se sont avérés être associés à la réponse virologique et immunologique des PVVIH ainsi qu’à l’adhésion au traitement.15
À ce jour, il n'existe aucun traitement curatif du VIH et la prévention reste le meilleur des remèdes. L’idéal serait de disposer d'un vaccin efficace contre le VIH, mais cela reste un défi scientifique à relever. Le laboratoire Moderna, l’organisation International AIDS Vaccine Initiative et le Scripps Research Institute étudient actuellement un nouveau vaccin prometteur contre le VIH.16
D’autres mesures préventives existent contre le VIH, telles que l’adoption d’un mode de vie sain et de bonnes pratiques (par exemple, des rapports sexuels protégés). Il est également possible de prévenir le VIH par la prophylaxie pré-exposition (PrEP), un médicament destiné aux personnes présentant un risque élevé d’exposition au VIH. Quant à la prophylaxie post-exposition (PEP), elle est administrée immédiatement après une exposition connue, de sorte que l’infection par le VIH puisse encore être évitée grâce à un traitement’précoce.17
En 2013, l’ONUSIDA a lancé une initiative mondiale intitulée 90‑90‑90, qui a fixé de nouveaux objectifs pour mettre fin à la pandémie de VIH. Cette initiative mondiale visait à atteindre les objectifs suivants d’ici à 2020 :
En 2021, 85 % des PVVIH avaient connaissance de leur séropositivité, parmi lesquels 88 % avaient accès à un traitement dont 92 % présentaient une charge virale indétectable.18 La cible actualisée est fixée par l’ONUSIDA à 95‑95‑95, devant être atteinte d’ici 202519. Malgré des progrès remarquables, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre ces objectifs à l’échelle mondiale.
De nombreuses campagnes de sensibilisation participent activement à l’éducation du public sur le VIH, ce qui contribue notamment à défaire la maladie de la stigmatisation qui lui est associée.20 Comme nous l’avons également constaté avec la juxtaposition de la pandémie de COVID‑19, la sensibilisation est d’une importance capitale. La dite « infodémie » (c’est-à-dire l’épidémie d’information) et la désinformation impactent le cours d’une pandémie.21
D’après la littérature scientifique actuelle et les données récentes des statistiques mondiales sur le VIH/SIDA, le taux de mortalité des PVVIH diminue de manière significative grâce à l’amélioration de la sensibilisation et des mesures de contrôle. Cela se reflète dans l’amélioration de l’assurabilité des PVVIH. Si la découverte d’un remède ou d’un vaccin contre le VIH reste un défi scientifique, la recherche en la matière s’avère prometteuse.
Les progrès réalisés dans le domaine des thérapies antirétrovirales et les initiatives internationales visant à prévenir et à contrôler le VIH ont déjà contribué à améliorer la qualité de vie des PVVIH. Les recommandations du CLUE de Gen Re sont mises à jour en conséquence.
