Le nombre de personnes qui se détournent du tabac n’a jamais été aussi important. En Angleterre, la prévalence du tabagisme chez les adultes a chuté à 15,5 % en 2016. Malgré le recul du tabagisme partout dans le monde, il augmente en Afrique et dans les pays situés à l’est du bassin méditerranéen. Malgré la baisse du nombre de fumeurs dans de nombreux pays, le tabagisme reste la principale cause de maladie et de décès prématuré dans le monde.
Aider les fumeurs à arrêter de fumer définitivement est une priorité de santé publique. Après avoir pris le contrôle du marché de la cigarette électronique, les fabricants de tabac sont en train de s’aligner sur les actions menées pour lutter contre le tabac. Leur arme principale est constituée toutefois de nouveaux dispositifs qui chauffent le tabac pour extraire la nicotine sans combustion. Les utilisateurs inhalent ainsi un aérosol infusé de nicotine plutôt que de la fumée, contrairement à une cigarette électronique qui chauffe un liquide pouvant contenir ou non de la nicotine. Les fabricants défendent l’idée que ces nouveaux dispositifs ne jouent aucun rôle dans l’arrêt du tabac, mais ils séduisent les fumeurs qui ne souhaitent pas renoncer à leur dose de nicotine.
Les taux d’arrêt du tabac sont à leur plus haut niveau en Angleterre grâce à la cigarette électronique. Au Royaume-Uni, près de 2,85 millions de personnes utilisent actuellement une cigarette électronique, dont la quasi-totalité sont des fumeurs ou d’anciens fumeurs. Environ 1,5 million de personnes affirment avoir arrêté la cigarette, tandis que 1,3 million alternent entre la cigarette électronique et le tabac traditionnel. Un nombre limité de personnes vapotent des liquides sans nicotine et le taux d’utilisation de la cigarette électronique parmi les personnes qui n’ont jamais fumé de leur vie reste très faible, inférieur à 1 %.
L’incapacité à lutter complètement contre l’addiction à la nicotine reste le principal problème pour les assureurs qui cherchent à distinguer les fumeurs des non-fumeurs.
Selon la Public Health England (PHE), les cigarettes électroniques sont 95 % moins nocives que le tabac.1 L’agence publique a conclu que les dispositifs qui chauffent du tabac peuvent être considérés comme moins nocifs que les cigarettes de tabac, mais davantage que les cigarettes électroniques. L’agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux, la Food and Drug Administration (FDA), reste également persuadée que les dispositifs qui chauffent le tabac sont moins nocifs que les cigarettes électroniques.2 L’agence plaide pour une réduction des taux de nicotine dans les cigarettes à des niveaux non addictifs et n’a accordé le droit à aucune entreprise de prétendre que son produit présente moins de risques pour la santé que la cigarette.
Plus de la moitié des études transmises à la PHE a été financée par les fabricants de tabac. Des études qui ne sont biaisées par aucun intérêt commercial sont nécessaires afin de savoir si les dispositifs chauffant du tabac peuvent être un complément ou un substitut à la cigarette.
Dans les tests, la PHE a constaté que les dispositifs chauffant du tabac libèrent moins de nicotine que les cigarettes électroniques dotées d’un réservoir que préfèrent 80 % des vapoteurs britanniques, et sont systématiquement en deçà des taux libérés par le tabac brûlé. Les utilisateurs les trouvent également moins plaisants. Les fumeurs regrettent avant tout la sensation d’avaler de la fumée. C’est un problème dont les fabricants ont pris acte; convaincre les fumeurs invétérés d’utiliser un objet en plastique à la place d’une vraie cigarette n’est pas chose aisée.
Changer les comportements constitue un défi de taille, d’autant plus lorsqu’un de leur aspect est ancré par l’addiction. Le comportement des fumeurs est particulièrement complexe et l’industrie du tabac dépend de cette addiction. Des parallèles peuvent être dressés avec l’échec des mesures de santé publique visant à inciter la population à manger équilibré, faire de l’exercice, adopter une vie sexuelle saine, consommer de l’alcool avec modération et les mettre en garde contre les dangers liés aux drogues et au tabac.
Malgré la grande quantité de preuves en apparence irréfutables apportées par l’industrie du tabac, des doutes continueront de planer concernant la validité de preuves sponsorisées par une industrie connue pour avoir fabriqué des arguments sans fondements concernant l’absence de risque. Les assureurs doivent être certains que les dispositifs à tabac chauffé réduisent considérablement le risque de maladie et n’incitent ni à fumer davantage ni à reporter l’arrêt du tabac. Comme la nicotine est un composant essentiel et que des doutes subsistent concernant l’usage parallèle de la cigarette électronique et de tabac traditionnel, les assureurs doivent appliquer le tarif maximum généralement appliqué aux fumeurs pour les utilisateurs de dispositifs chauffant du tabac.
Notes de bas de page
- McNeill A., Brose LS., Calder R., et al., Evidence review of e-cigarettes and heated tobacco products: a report commissioned by Public Health England. London: Stationery Office, 2018. https://www.gov.uk/government/publications/e-cigarettes-and-heated-tobacco-products-evidence-review.
- Reuters (2018) FDA’s tobacco stance faces test with Philip Morris iQOS device, 22 January 2018, available at https://www.reuters.com/article/us-health-tobacco-pmi/fdas-tobacco-stance-faces-test-with-philip-morris-iqos-device-idUSKBN1FB0J2.